Communiqué de la CGT suite
à la réunion de la conférence Nationale de l'Industrie du 29 septembre 2011.
Le 4 mars 2010, le Président de la République affichait sa volonté de concrétiser une politique industrielle avec des objectifs ambitieux.
Un an et demi plus tard, la situation de l’industrie en France est dans une situation d’état d’urgence :
Plans sociaux et fermetures de sites industriels font la une des médias au quotidien, des milliers de salariés sont contraints au chômage sans perspective de retrouver un emploi digne de leurs
compétences et de leurs qualifications.
Le chômage des plus de 50 ans a explosé et représente aujourd’hui 20% des demandeurs d’emplois…ce chômage à une cause bien connue, la désindustrialisation et les fermetures des capacités de
production.
L’emploi manufacturier ne représente d’ailleurs plus que 11,5% de l’emploi total salarié, il représentait 30% en 1961 !
Le gouvernement et le patronat loin de prendre la mesure de cette hécatombe économique et sociale, poursuivent leurs fuites en avant à coup de rapports sur la compétitivité, de comparaison entre
la France et l’Allemagne, dans le seul but de s’attaquer à la baisse du coût du travail et à transférer les cotisations sociales vers la fiscalité en instaurant la TVA sociale.
A aucun moment il n’est rappelé que la définition européenne officielle de la compétitivité, depuis les sommets de Lisbonne et de Göteborg,
« est la capacité à améliorer durablement le niveau de vie de ses habitants et à leur procurer un haut niveau d’emploi et de cohésion sociale. », pas plus qu’il n’est rappelé que le décret
constitutif de la CNI est d’explorer les pistes pour favoriser « le développement de l’industrie et de l’emploi industriel ».
Les vraies raisons du déclin de l’industrie française sont pourtant connues :
- Absence de politique industrielle et désengagement de l’Etat en faveur du pouvoir économique et financier.
- Sous investissement dans les outils de production, la recherche et le développement
- Stratégie à court terme de rentabilité financière, en privilégiant les taux de marge, les délocalisations vers les pays à bas cout et les productions bas de gamme (exemple dans
l’automobile)
- Cette politique du bas cout a positionné la France en situation de faiblesse par rapport aux pays émergents et par rapport à l’Allemagne notamment au regard d’une monnaie forte qu’est
l’euro
- Politique fiscale irresponsable qui distribue massivement l’argent public sans contrôle, ni droits d’intervention sur l’utilisation des fonds publics(les mesures fiscales
dérogatoires applicables aux entreprises sont passées de 2,7% de PIB en 2007 à 5,5 points de PIB en 2010)
- Politique de financement de l’industrie et de l’économie livrée à la stratégie d’un système bancaire qui ne joue pas son rôle de financeur de l’économie, mais de
spéculateurs(l’Insee souligne l’importance des banques et indique que
« Le taux d'échec partiel ou complet dans la recherche d'un prêt bancaire est en très forte hausse entre 2007 et 2010 :
il est passé d'un peu plus de 5 % à près de 17 %, avec un taux d’échec impressionnant de 85% pour les entreprises à forte capacité de croissance et d’innovation que sont les gazelles), ces
moyennes entreprises sont d’ailleurs le plus souvent absorbées par les grands groupes les condamnant à ne jamais pouvoir croitre voire à disparaitre.
- Absence de droits d’intervention pour les salariés dans les lieux de décisions comme les conseils d’administrations par exemple, mais aussi absences de droits d’interventions
tout court.
Face à cela la CGT propose une politique industrielle basée sur la complémentarité, la coopération et la solidarité entre les territoires, les salariés et les peuples :
Une politique industrielle à plusieurs dimensions sociales, environnementale et européenne.
Il faut pour cela organiser rapidement une conférence européenne pour promouvoir une politique industrielle européenne…
La France Présidente du G20 est en capacité de faire cette demande.
Les propositions de la CGT visent à redonner au travail et au travailleur toute leur place :
- Politique d’investissement massive dans l’emploi manufacturier et la formation
- Politique d’investissement dans la recherche et le développement notamment en contractualisant au niveau des territoires les investissements et les aides à la R&D dans le
cadre de projet collaboratifs public/privé.
- Politique de financement de l’industrie avec la mise en place d’un pole public financier, avec une attention particulière vers les PME/PMI et réorientation de l’épargne
notamment de l’assurance vie vers l’industrie via le livret d’épargne industrie.
- Valorisation des diplômes, des compétences et de l’expérience en sécurisant l’emploi au travers de la sécurité sociale professionnelle, des augmentations de salaires et de la
reconnaissance des diplômes et des qualifications.
- Droits d’interventions pour les salariés sur les choix stratégiques des entreprises (droit suspensif en cas de plan social, renforcement de la place et du rôle des salariés
dans les conseils d’administration, renforcement des droits de consultation et d’information dans les comités européens, mise en place de comité interentreprises)
La CGT n’a pas été entendue sur ses propositions et nous assistons à une batterie de mesures en faveur d’un secteur industriel qui ne représente plus que 10% de la valeur ajoutée mais qui
souhaite bénéficier de tous les droits pour démanteler le modèle social français.
Des milliers de salariés se mobilisent pour sauver leurs emplois, leurs sites industriels menacés, la CGT les appelle à poursuivre leur mobilisation et à participer massivement aux grèves et
manifestations du 11 octobre 2011 pour une politique industrielle au service du développement de l’emploi industriel et de l’industrie.